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    Le thème des Impromptus était cette semaine limite(s) de la raison ou raison(s) de la limite. Il m'a inspiré un texte à l'humour très noir...

    La nef des fous

     

    Mes chers concitoyens, mes chères concitoyennes,

     

    Certains d'entre vous se sont ému de la vague de suicides qui agite notre pays ces derniers temps. Nous avons même assisté à des suicides d'enfants, certains pour mettre une ultime limite aux souffrances occasionnées par la maladie ou le respect du règlement intérieur au collège, d'autres pour témoigner de la terrible incurie de leurs parents.

    Dans le même temps, vous êtes nombreux à réclamer une euthanasie active pour les monstres violeurs et vivisecteurs ainsi que le rétablissement de la peine de mort pour les maintenus en vie contre leur gré. En tant que capitaine de ce grand navire qu'est la France, il me revient de poser un garde-fou pour éviter à notre pays de sombrer sur les hauts-fonds de la déraison.

    En d'autres termes, j'ai pris la décision de faire voter très vite une nouvelle loi, visant à établir un cadre légal à l'interruption volontaire de vie. En effet, quelles qu'en soient les raisons, limiter sa vie au moment choisi est un droit fondamental qui relève de la liberté privée. Cependant, il convient de préserver la sécurité publique et de renflouer l'économie de notre pays. Imaginez un peu les dysfonctionnements occasionnés par l'imprévoyance d'un aiguilleur du ciel qui décide de se jeter de la tour de contrôle sur le tarmac sans en avertir sa hiérarchie; ou d'un employé des télécommunications se pendant au fil de son ordinateur avant d'avoir atteint son quota...

    Par conséquent, tous les candidats au suicide devront désormais faire acte de candidature trois mois à l'avance afin de prendre les dispositions nécessaires à leur éventuel remplacement. Les enfants disposeront d'un délai plus court pour avertir leurs parents et pourront demander l'assistance d'un professeur de leur choix. Ce dernier aura l'obligation de sauter du toit de l'établissement scolaire en tenant la main de son élève, rappelons que l'accompagnement éducatif est une des priorités de mon mandat. En cas de refus, le professeur sera radié de l'éducation nationale et verra son traitement suspendu à vie. De même, un professeur voulant mettre fin à ses jours, aura la possibilité d'entraîner dans sa chute l'élève perturbateur de son choix. En supprimant les futurs délinquants et en diminuant le nombre de fonctionnaires, nous ferons ainsi d'une pierre deux coups. Toutes les écoles disposeront dorénavant sur le toit d'une aire d'accès libre dévolue à cet usage. En ce qui concerne les assassins, ils auront la possibilité de se réhabiliter en mettant leur art au service de la société. Quiconque émettra une demande d'interruption de vie, pourra demander l'aide de ses professionnels, en échange de quoi ceux-ci seront rémunérés par l'Etat. Il va sans dire que l'économie est double: d'une part, on libère des places dans nos prisons et nos hôpitaux, d'autre part le meurtre en mains propres revient beaucoup moins cher que l'administration de produits lytiques.

    J'ai bien conscience que ces propositions ne constituent qu'une première étape pour faciliter notre dernier voyage et qu'il faudra creuser d'autres tombes, ah ah pardon, d'autres pistes pour aller plus loin. En agissant dans le respect des limites, nous allons dans le bon sens et la raison.

    Si vous m'avez choisi pour capitaine de ce navire, ce n'est pas sans raison, et je continuerai à vous mener à bon port- bonne mort - sans écouter les sirènes de mes adversaires politiques... Ces derniers, s'ils détenaient le pouvoir, transformeraient la France en nef des fous...

     

     

     

     


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  • Pas d'idée. D'idées pas. Pas à pas. Passer son chemin. Main dans la main. Maintes et maintes fois. Foison. Zombie. Bizarre. Arrivée en gare. Gare à toi. Toile de fond. Fondue du bocal. Cale sur la raison. Zombizaricoterie. Rira bien qui rira le dernier. Le dernier quoi? Couac ou quoique? Quand bien même. Même pas peur. Heure de folie plutôt qu'un petit quart d'heure. De raisonner pas question aujourd'hui. Huit raisons pour un texte de résonner, le texte: exténuation, on n'y peut rien, un plus un égalent tout, tournez manège, n'ai-je donc aucun don pour faire? Ferrailler avec les mots. Moribonds ou mots ribauds. Beaucoup de mots pour rien. Rien à faire: pas d'idées. D'idées pas...

     


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  • Ce soir je vais voir une artiste qui a mené une drôle de vie, qui a aimé des maudits, qui n'a jamais eu besoin de personne et qui m'a accompagnée dans ma drôle de vie aussi, avec mes maudits, croyant n'avoir besoin de personne alors que. Depuis trente ans, les concerts. Certains ont présidé à des rencontres essentielles. Le premier fut la naissance d'une amitié. Combien en ai-je vu en sa compagnie? Le dernier avec A. remonte à quelques années déjà, à Rouen. Je me rappelle aussi d'un concert à Lyon avec C. convertie aussi. Ce soir j'assisterai au concert avec C. encore et puis pour la première fois L. qui écoute plutôt d'autres voix et d'autres sons. Mais il veut faire plaisir à sa mère.  J'espère qu'il aimera l'artiste et la femme aussi, avec ce vibrato si particulier, dans lequel on reconnaît sa force, sa fragilité, sa féminité.

    L'éloge est un exercice difficile qui peut facilement tourner à la mièvrerie. La sensiblerie n'éteindra pas mon anxiété de ne pas voir arriver à l'heure et C. et L. mais il me faut écrire tous les jours même des bêtises pour retrouver l'élan. Me préparer maintenant à la musique. Demain, peut-être la musique des mots.


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  • Voilà, ce qui devait arriver arrive sans prévenir, sans frapper à la porte. Sans même dire son nom. Cela ressemble à Grosse Fatigue ou à Petite Déprime tant elles se ressemblent toutes les deux. Mal fagotées, mal coiffées, mal embouchées. Il faudrait leur donner un coup de pied au cul et les jeter dehors mais on reste polie. On la laisse entrer.

    Madame Sans-gêne s'installe parfois chez moi pendant des jours, des semaines, et je dois faire avec, faire contre mauvaise fortune... Et ça demande qu'on s'occupe d'elle, qu'on lui offre des petits gâteaux, du chocolat, bref, ceci explique pourquoi je n'ai pas écrit une ligne depuis des jours. Difficile de s'y remettre quand on a une pleureuse dans la tête qui déclame dès le réveil: Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire. Il reste alors à identifier cette nuisible car elle a un talon d'Achille: dès que vous citez ses sources, elle s'en va derechef, dépitée, dégoûtée d'avoir été démasquée. Je l'ai enfin reconnue: c'est Tragédienne qui se prend pour Phèdre de Racine. Elle n'a qu'à avaler son poison, elle ne m'empoisonnera plus, moi.


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  • Dans les huit minutes exactes qui suivent je pourrais arrêter de penser à comment les passer, arrêter le temps qui passe sans arriver à le prendre, arrêter de penser que je pense sans cesse, sans cesser d’y penser je retraverse la liste des maux, des manques, des vides que le temps ne cesse d’agrandir, grandir en fuyant ce vide pendant que le temps défile…Défilé de souvenirs passés, à rêver, à créer, et c’est de plus belle que la valse des maux redémarre à trois temps…

    Une valse à trois temps
    Qui s'offre encore le temps
    Qui s'offre encore le temps
    De s'offrir des détours
    Du côté de l'amour…

    Ma valse à trois temps ne valse plus du côté de l’amour…Je veux reprendre la danse, mais huit minutes n’y changeront rien : dans les huit minutes exactes qui suivent j’aurais pu réparer le rideau qui attend depuis des mois, j’aurais pu me plonger dans les maux de « l’homme qui voulait vivre sa vie », j’aurais pu faire valser la vie de mille façons sans réfléchir à la couleur de la minute suivante, j’aurais pu…j’aurais pu ? Le conditionnel qu’on aime tant conjuguer au lieu de prendre le temps au temps…Mais ces huit minutes exactes n’y changeront rien, pas celles-là…Je prendrai les prochaines.


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