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    L'image, prise hier à Aix, c'est pour respirer un peu... Car ce qui va suivre est assez indigeste et si vous le lisez, vous aurez été prévenu...

      

    Pas d'oeufs, pas de vent, pas d'état d'âme en ce jour de Pâques mais seulement une coïncidence de lecture. Cela fait trois fois, depuis que je suis revenue de Paris où j'ai lamentablement échoué à l'agrégation interne de lettres modernes pour la quatrième fois - allez comme ça c'est dit clairement une fois pour toutes- trois fois donc que je tombe sur l'expression battue par les vents au cours de mes lectures. Trois romans très différents qui m'ont permis de me nettoyer (un peu) de ce sentiment de nullité qui suinte de tout mon corps. Ce fut d'abord une "porte" battue par les vents à la page 219 du roman (je croyais que c'était un polar mais pas du tout) de Henning MANKELL Les chaussures italiennes, puis la "nuit" battue par les vents à la page 289 du dernier (et excellent) Jonathan COE La vie très privée de Mr Sim et ce matin même à la page 303 de Petite soeur, mon amour de Joyce Carol Oates je trouve un "navire" battu par la tempête, à la nuance près que l'expression est cette fois encadrée par des guillemets et donc mise à distance par le narrateur (scène très ironique dans laquelle le narrateur raconte les retrouvailles d'une famille pas mal perturbée avec le père volage décidant de réintégrer le foyer mais bon, mon propos n'est pas ici de faire une analyse littéraire de ce très bon roman). Outre le fait que ces trois romans mettent en jeu des narrateurs plus ou moins dépressifs et angoissés (et plutôt plus que moins) et que cette expression est employée à des moments importants de chacune des fictions, cela soulève deux questions:

    1) Cette expression "battu(e)(s) par le(s) vent(s)/la tempête" avec ou sans guillemets, figure-t-elle forcément dans chaque roman conséquent (quantitativement parlant) d'au moins deux cents pages? J'en appelle donc à vous chers lecteurs et comme je n'ai jamais utilisé la fonction "nouveau sondage", c'est l'occasion ou jamais...

    2) Qu'est-ce qui m'a fait remarquer cette expression courante et romanesque? Qu'est qu'elle fait résonner en moi? Il me faut prendre le temps de répondre car, évidemment, je serais tentée de dire que c'est l'impression que j'ai, d'être battue par le vent après ce nouvel échec et que je ne me sens plus ancrée dans ce qui faisait ma vie ces derniers temps... (Moi laminée, dit la pauvre petite auteure de ce non moins pauvre petit blog, pour paraphraser le très riche et très grand recueil Moi Laminaire du non moins très grand et très riche Aimé Césaire sur laquelle elle a eu la chance de tomber d'ailleurs pour l'épreuve du commentaire. Que cette trop grande phrase dise cette trop grande confusion en elle, on ne peut le nier, mais bref, comme elle dit).

    Un élément de réponse lié à un souvenir mortifiant: Lors d'un spectacle de fin d'année , intitulé "Enfant réveille-toi" ou "La vie rêvée des anges", mon dieu pardonnez-lui, elle n'avait pas encore les yeux grand ouverts sur sa mièvrerie, elle avait convié Charles, un comédien, metteur en scène et son mentor du moment pour y assister. Elle aurait dû s'abstenir de lui poser la question à la fin du spectacle mais vous devinez bien qu'elle n'a pu s'en empêcher...alors le verdict est tombé de la bouche sincère de Charles: Ce n'est que du vent. Ce ne fut pas la première fois où elle fut battue par le vent, ni la dernière, mais...

    Bien, nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui...

      

      


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    Me sens jamais aussi vivante que lorsqu'il vente et rafale ainsi. Pluie ne saurait tarder, housses et coussins des chaises de jardins à rentrer. Rien ne presse car ne pas se priver de l'euphorie de tout rentrer au dernier moment, grosses gouttes éclatant de rire sur nos corps pressés. Ciel interne plus clair.

    Dimanche dernier, à Paris, traînant  ma valise et de douces pensées entre deux états, entre un aller et un retour; dans la rue de l'Abbé-de-l'épée, avant de traverser la rue saint Jacques, un coup de vent et un coup d'oeil sur la gauche ont suffi pour me transporter dans l'univers d'un rêve récurrent que je n'ai pas fait depuis longtemps. La perspective de la rue Saint-Jacques déserte, s'ouvrait sur un ciel de mer avant de voir la mer. Jadis, je rêvais souvent à ces tours en voiture dans les villes des bord de mer (la Manche) de mon enfance avec ces rues qui débouchent sur la mer, et cette joie très forte de la voir bientôt, la mer. Je suis restée longtemps au feu rouge pour graver cette vue en moi et surtout cette sensation de l'enfance.

    J'ai continué mon chemin, longé des jardins, avant de retrouver un admirateur de la poésie de Du Bartas et qui m'a fait rire aux larmes - là aussi pure joie de l'enfance - en me racontant ses pérégrinations entre Amiens et Saint-Petersbourg. Plus tard, il m'expliquera en toute simplicité malgré sa très belle place d'agrégé de haute lutte conquise, la phrase de Montaigne contre laquelle j'achoppe depuis dimanche: En nos actions accoutumées, de mille, il n'en est pas une qui nous regarde. Montaigne, Essais, I, chap. XXXIX "De la solitude".

      


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  • J'ai découvert

    l'oiseau lunaire

    les larmes amères

    c'est joli

    mais pas

    la vérité

    la vérité c'est la pitié

    des yeux en face de mes yeux

    Raté - Refusée- Recalée

    les trois "R"

    de la faussaire

    ses faux airs

    de résignée

    plutôt révoltée

     

    Je me sens comme une porte battue par les vents, presque dégondée, mais pas encore livrée aux éléments en furie. Il y a quelques jours, je lisais Racine dans un square rue Blomet, l'oiseau lunaire sculpté par Miro derrière mon dos. Je ne pleurais pas encore de larmes amères. Aujourd'hui, le vent souffle léger. Chagrin et illusions tombés comme un soufflé. Jamais vu de soufflé de ma vie, cependant.

     

     


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  • derniers billetsLes jeux sont faits. Donc je pars. Reviendrai inchangée ou à peine. Si peu parisienne mais peut-être avec quelques images en plus. Pour l'instant je ne peux pas parler du concours qui mobilise toute mon énergie.Cependant, j'en ai rêvé cette nuit. Et au petit matin, un seul mot eadem sans sa signification. Est-ce à dire que j'en perds mon latin? Latin bien lointain, il est vrai. Deux ou trois cafés plus tard, la solution me tombe sous les yeux: mon vieil exemplaire des Fleurs du Mal. (Feuilleté hier pour relire "l'Albatros")Un titre "Semper Eadem" me saute aux yeux et il signifie "Toujours la même". Tout n'est pas plus clair mais tout est plus sourire ce matin.

    Quant à ce soir, ce n'est pas encore demain. Je reviens lundi, plus ou moins eadem.

      

      


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  • Comparable à la joie de nommer ce qui est encore innommé est la joie de lire ceux qui dans un grand poème épique nomment les choses encore sans nom. Je pensais à cela en lisant le premier chant de Chant général de Pablo Neruda "La lampe sur la terre":

    Le jacaranda haussait une écume

    de chatoiements ultramarins,

    l'araucaria et ses lances hérissées

    était la majesté contre la neige,

    l'acajou primordial

    distillait du sang chaud de ses branches,

    et au Sud les mélèzes,

    l'arbre tonnerre, l'arbre rouge,

    l'arbre épineux, l'arbre matrice,

    le fromager vermillon, l'arbre à caoutchouc,

    étaient volume terrestre, étaient son,

    existences territoriales.

    A cela, je pensais ,à la joie mais aussi au billet lu hier sur le blog de phrasibuleuse qui parle des arbres de la Côte d'Ivoire où elle a vécu: l'arbre voyageur, fromager ou arbre à kapok, frangipanier... Tous ces noms d'arbres donnent foi en l'humanité, aux poètes et pour revenir à Pablo, qui sert le langage, le chant nocturne / mêlé de pluie et de feuillage je le soupçonne d'avoir inventé l'ombu cet arbre merveilleux qui n'en est pas vraiment un puisqu'il n'a pas -selon le glossaire - de bois et qu'il ne sert qu'à donner de l'ombre et la botanique le considérant comme une herbe géante...

         l'ombu, en roi de l'herbe, arrêtait l'air

         en liberté, le vol en son murmure,

         il montait la pampa et la domptait

         avec sa longe branchue, brides et racines.

    Pablo NERUDA, "La lampe sur la terre", I, Chant général, traduction de Claude Couffon, Gallimard/Poésie, 1977.

    Lu cet après-midi Pablo mais aussi Aimé (que j'aimerais faire découvrir à mes élèves mais un peu peur de pas être à la hauteur comme passeuse) et retrouver pourquoi hier mon billet avait pour titre "Serpent-Noir": non seulement Nâzim Hikmet en raconte l'histoire dans Paysages Humains mais Aimé Césaire aussi... Ai retrouvé aujourd'hui ce passage:

    Et maintenant pourrissent nos flocs d'ignominie!

    par la mer cliquetante de midi

    par le soleil bourgeonnant de minuit

    écoute épervier qui tiens les clefs de l'orient

    par le jour désarmé

    par le jet de pierre de la pluie

    écoute squale qui veille sur l'occident

    écoutez chien blanc du nord, serpent noir du midi

    qui achevez le ceinturon du ciel

    Aimé Césaire, La Poésie, Cahier d'un retour au pays natal, ed. Seuil, 1994, p. 55.

    Et juste pour faire réagir lautreje je ne résiste pas de citer encore notre Aimé:

    Et à moi mes danses

    mes danses de mauvais nègre

    à moi mes danses

    la danse brise-carcan

    la danse saute-prison

    la danse il-est-beau-et-bon-et-léégitime-d'être-nègre

    A moi mes danses et saute le soleil sur la raquette de mes mains

      


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