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vases communicants (9)
Rôle : spectatrice
Sortir du métro, ou venir à pied, regarder marcheurs, ceux qui ont le pas précis, mais pas celui du retour
Voir l'entrée, les groupes, attendre
J'ai voulu venir
Je suis là
Perdue parmi tous ces gens si beaux
Attendre
J'ai voulu venir
S'oublier
et tout le jour qui pèse
On entre
Quand le silence se fait, quand les derniers distraits prennent conscience, le suspens, petit trou dans le temps qu'on saluerait bien d'un mouvement d'épaules, comme pour le plongeon que l'on ne sait pas faire
Mains à plat sur la robe ou le pantalon choisis juste pour se mettre en fête, pas forcément ce qu'on appelait habillé, mais quand on en a le temps, comme un passage, une préparation
Se faire plage vide, oublier ce que l'on sait, ce que l'on a entendu, les souvenirs éventuels
Revenir
au moment du choix
Le plaisir anticipé
L'excitation
Ne pas en rester là à ce désir
Dégager le cou, redresser le dos, et puis vite - y penser - se retourner, sourire, vérifier qu'on ne gêne pas, revenir face à ce qui sera, déplacer légèrement une fesse pour l'inconfort désirable.
Attente et écoute, soi, seule et en commun avec voisins (et le désarroi que c'est quand voisinage est hostile, ou sot, ou cru tel, l'envie d'abandonner, la tentation de ne réagir qu'en fonction, contradiction de ces ondes, de ne goûter que contre ce refus)
Sourire et se pencher en avant
juste un peu
On entre
Avoir l'esprit et les yeux chatouillés, aimer cela
Avoir trop de souvenirs qui viennent et prennent le dessus sur ce qui est là, devant
Et parfois, ce pour quoi on ne peut se passer de revenir, oublier tout, être emportée, recueillir, engranger inconsciente, attendre la fin, ou un peu après, pour que s'épanouisse le jugement ou le sentiment.
Vouloir tant que ce plaisir s'étende dans la salle, monte vers eux, là, croire que c'est un soir unique, ne pas le croire et se moquer, un peu, de soi.
Parfois si on a été déçue
s'évader
glisser en douceur
partir – ne pas juger le bruyant plaisir
Mais il y a les soirs de liesse, quand on a senti l'intelligence qui venait à nous, rebondissait, riait de plaisir, même si elle était compréhension du tragique,
Se lever
Applaudir
Chercher plaisir dans les yeux voisins
Parfois en parler
Répondre
Sentir la formule se former
La lâcher
Prendre chemin du retour, en flottant de moins en moins, aller vers le lendemain qui se tient là, avec ses questions, problèmes, plus ou moins entêtés.
Brigitte Célérier
Chaque premier vendredi du mois, ont lieu Vases Communicants; qui-veut invite sur son blog qui-veut et ces deux-là se mettent à écrire sur un thème, une consigne, une image... J'ai invité Brigitte Célérier qui m'a proposé d'écrire sur "la spectatrice". Faut-il la présenter, cette spectatrice sans pareille, qui chaque jour sur son blog Paumée lève le rideau sur ses entours et sur le bruit du monde? Pendant le festival d'Avignon, elle arpente sa ville et voit jusqu'à trois spectacles par jour pour ensuite les partager avec nous. C'est une grande joie de l'accueillir ici et qu'elle m'accueille chez elle (malgré tous les problèmes rencontrés ces derniers temps, je lui en suis d'autant plus reconnaissante). Comme si ça ne suffisait pas, c'est elle qui compile toutes les rencontres chaque mois et qui rend compte de chaque texte le samedi! Vous pourrez retrouver chaque rendez-vous Ici et mon texte chez elle.
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Commentaires
Spectatrice inlassable, le temps suspendu avant le début, le temps dépendu après la fin : magie du spectacle (en Avignon, l'apprentissage est annuel), vous nous faites une place près de vous.
Devenir l'Autre dans un spectacle dont nous sommes l'acteur, l'actrice... une réincarnation dans le mot et dans les images. Avignon est le décor et devient prétexte. Et que dire du silence élevé au rang d'une thématique triangulaire. Très beau.
5D3Samedi 8 Septembre 2012 à 21:18Ben voila ! c'est exactement ça ! L'impression que je relis le texte que je viens d'écrire ,
Non ! atterri ,chère et pauvre moi ,! l'art de la joaillerie pour exprimer les sentiments , les mots juste s ,les dscriptions- scalpel ,ou dentelles , qui font mouche , a chaque fois ,tranquilement ; non ,c pa ton texte , c'est un miroir méga- hyper -embellissant (ou sseur) ,,,,
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merci pour cette belle hospitalité