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    découpé-collé #14


    Nous sommes l’homme des paysages / femme en suspens / fils ma bataille

    Nous sommes une comédie romantique low cost / un voyage terrifiant

    Nous sommes le monde à l’envers / tout petit dans la ville / la bête en lui

    Nous sommes juste notre regard qui s’épuise / une gueule d’atmosphère / de belles jambes pour l’été

    Nous sommes le prophète-artisan du faire comme si - cachez ce sein

    Nous sommes des rythmes en péril / l’arrivée du métro / un turbulent silence / sa respiration haletante

    Nous sommes tous de la chair et quelques os / l’envers des corps / dans l’arène

    Hémisphère gauche hémisphère droit / ma migraine

    maronnons


    découpé-collé #14


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    bribes


    Ils allaient mourir et pour gagner du temps on avait creusé les trous, préparé les tombes au cimetière, invité les proches et les amis. Seules les inscriptions sur le marbre ou le granit n’étaient pas gravées : les sculpteurs étaient assis sur des tombes déjà scellées, les invités désoeuvrés marchaient de ci de là. On attendait les morts.

    Un premier apparut le teint pâle mais bien vivant, sur ses deux jambes ; de toute évidence  il fallait annuler l’enterrement. En revanche, la présence du cadavre du deuxième –vu de mes yeux vu- ne faisait aucun doute et ne laissait présager qu’un retard dans la cérémonie. Or, le deuxième mort apparut à son tour sur ses deux jambes. Quant au troisième, difficile de se rappeler, mais c’était peut-être bien un de mes chiens, le dernier de mes chiens, mort depuis des mois. Cependant, on attendait. L’attente était si longue, que je me suis réveillée.

    Trop tôt, pas encore jour. Repartie sur le même rêve, en me faisant la réflexion que ce n’était pas un rêve sur la mort mais un rêve sur l’attente. L’attente ritualisée. J’attendais. On allait jouer ma pièce sur scène, à la fois auteur et metteur en scène (et il me semble bien que la pièce parlait de la mort et de cette attente au cimetière). J’avais réuni trois ensembles de comédiens et parmi eux des enfants (vivants), des comédiens morts (dont Jean Vilar et Gérard Philippe) et des comédiens amateurs. Très fière et étonnée que personne n’y ait songé auparavant. Réveil, extérieur jour. Quelque chose cloche…



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    découpé-collé #13

    Photo de Philippe Marc (merci Phil) 


    Destination nuits d’été


    L’été sera blonde liquide

    L’été questionne les frontières du sérieux

    Des températures largement au-dessus de la moyenne

    S’insurgent contre le sacre du printemps

    Aujourd’hui cet été ne manque pas d’air

    Il se lève très tôt veut prendre un air

    De satisfaction béate sous l’œil indifférent de

    L’hiver sous les couvertures

    L’été analyse des nanoparticules bleues dans les crèmes solaires

    Le bras armé de la poule aux œufs d’or est là

    C’est l’été que Shéhérazade rayonne avec insolence

    Éloigné coupé du monde il ne savait pas, été, que

    Traditionnellement le voyage

    En été est

    Bri-

    découpé-collé #13


     


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  • Au fond, je suis assez semblable aux petits voyous qui font un bras d’honneur à la réalité - le petit prince a grandi à mains nues - un renard a tourné la page - mieux que des mots, les enfants aiment l’apocalypse - on attribue la violence à une jeunesse qui aurait résisté à vos vieux draps de parole - ne trouvant rien à dire et se plaignant - pour tant de paroles inutiles il n’existe pas de vaccin – peut-on tout se permettre au nom de la parole ? – Parlote, désolé, mais il faut que je te flingue – moi non plus, je ne vois aucune limite – les règles ont changé - les mots comme un sport de combat – allez-y fort !

    découpé-collé #12















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  • même un cauchemar s'apprivoiseMême un cauchemar s’apprivoise

     

    Calmer d’abord les battements de son cœur en respirant abdominalement et amplement. Chasser la nature – bouffées d’angoisse, idées morbides- , faire confiance à l’artifice, l’artificieux, l’art – les machines qui font battre le cœur et les livres qui font battre le cœur - connaître les auteurs les plus appropriés en fonction du type de cauchemar – à l’hôpital, service réanimation,  éviter les romanciers, difficile de suivre le fil de l’intrigue quand on veille le fil de vie de quelqu’un qui a failli la perdre, il faut conseiller plutôt les poètes et aux moments calmes Virginia (Woolf) – ça marche, même si parfois il faut revenir dix fois en arrière, une phrase parfois dit quelque chose d’important quelque chose qu’on entend et qu’on comprend. Lire donc, écrire aussi si on peut. Des notes, qui aident plus  à fixer l’attention sur le moment qu’à constituer des bases de travail pour après le cauchemar. Car on espère qu’il y aura un après le cauchemar. Construire des phrases pour ne pas tomber en miettes. Tomber en miettes cependant. Écrire à l’infinitif, de manière impersonnelle. Lire sur l’écran du monitoring : la ligne verte qui fait des « p » tremblés, la ligne bleue avec ses vagues, la jaune enfin avec un tracé beaucoup plus irrégulier : les chiffres pourraient rassurer aussi, pour l’instant on surveille ceux de la tension trop haute qu’on cherche à réduire. Calmer les battements de son cœur. Se répéter un poème sans l’éprouver, sans chercher à le comprendre, juste le répéter comme un mantra. Revenir aux poètes toujours. Construire des phrases qui tiennent debout, horizontales. Coucher des phrases debout. Pour tenir debout à côté du couché. Assis. Apparemment sans queue ni tête,  mais pour ceux qui savent lire si. 


    Désolée pour mon absence mais en ce moment d'autres préoccupations m'appellent ailleurs auprès d'un être cher. 



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