• barrièresCelles qu’on enjambe avec joie - le délicieux frisson de la transgression augmentant avec la grosseur des lettres – celles dans la tête qu’on ne cesse d’abattre mais une barrière peut en cacher une – celles qui ne barrent que la vue – celles qui barrent aussi la conscience d’être en vie – celles qui sont belles et sauvages - grande barrière de corail  (que peut-on encore en dire sinon les majuscules oubliées et l’article la définissant unique)– les sophistiquées (comme chez Picard )qui se soulèvent à l’entrée dès que la voiture pointe son nez et à code secret (murmuré du bout de lèvres par la caissière et tonitrué à l’extérieur pour ceux qui l’auraient déjà oublié) à la sortie, barrières à l’entrée et à la sortie donc, anciens passages à niveau, barrières automatiques et barrières manuelles – la garde-barrière -  barrières sociales et barrières de la langue, barrières qu’on se construit soi-même – en ce moment même pour barrer le passage à la tentation d’aller chercher sur la toile des idées de barrières – barrières qui empêchent de tomber dans le vide ou dans l’erreur, qui empêchent tout court,  limites – garde-fous ( folles se gardant bien de prendre garde à l’avertissement )– délicieusement folle, donc, j’enjambe le garde-fou et m’approche du bord, à l’aplomb de la mer et du bois flotté d’un arbre le tronc blanc de sel. Je me repais de la vue et de ma chance à travailler si près de la mer, déjeuner à l’ombre d’un chêne et sous un Kermit goguenard aperçu en levant la tête, que je n’aurais jamais vu si je n’avais pas remonté le bas de ma robe pour enjamber la barrière. Et alors ? Rien. Hier était une journée à barrières. Aujourd’hui ne sais pas encore.

    barrières








    barrières








    barrières























    Photos prises à Carry-le-Rouet au bout de la corniche le 26/06/2012, le flash s'étant déclenché pour la dernière ne sais pourquoi et donnant au tronc ce gris argenté qui lui sied bien.




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  • découpé-collé #11J’adore voler vos caprices, églises échevelées, idées tentaculaires, enfants au risque nucléaire / J’étais un enfant assez funambule / Je mangeais de la nuit matin, midi et soir aux frais de la princesse / À 12 ans, je voulais être le maître des forges de l’enfer / Je cherchais une machine à désespérer les hommes/ Je n’imaginais pas trouver la prophétie du poète à la maison  / Je l’ai trouvée / La patronne m’autorisait à butiner la vie qui frémit des histoires / Je m’écoutais penser Lire ne sert à rien, tant mieux / Un grand bol d’air pur au pays des elfes / Ma vie n’est pas dans l’ombre de la lune / Je me suis senti la folle du pape, un Robinson farfelu, un homme qui crie l’ombre d’un doute / Partir, revenir en plein chant / La langue ça laisse des traces / Je voudrais écrire l’histoire vertigineuse d’un illettré en rage / J’ai du mal à concevoir de travailler le sens de la vie / Les incroyables chimères sont revenues / Les fêtes de la joie / Langue mise à nu / Je suis voleur de cauchemars 

    découpé-collé #11



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  • On n’a jamais autant parlé de pluie dans des régions où il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis deux mois/ On n’a jamais autant écouté et regardé le ciel des premiers hommes/ On me dit qu’ils ont la même carte dans la prison du langage/ On dit Yo/ On partage le mammouth/ On bave d’impatience parce qu’on rêve tous de se réinventer/ On agrandit un monde qui change/ On ne peut plus parler désormais de gagner du temps/ On ne dégraisse plus la vie on attaque l’os/ On en mangerait/ On danse ma vie cette comédie drôle et grinçante que l’on dévore le temps drôle de la danse/ On ne peut empêcher une voix d’être colère

    (pas de mutation)


    découpé-collé #10



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  • les hommes-tiroirsIl y a les textes qui disent et ceux qui ne disent rien ; il y a ceux qu’on lit/écrit néanmoins ; ne me disent rien, certains textes qui parlent, qui parlent, qui papotent, trop bavards. Il y a les  silences qui disent et ceux qui ne disent rien ; il y a le silence après avoir écouté la musique de Mozart et c’est encore la musique de Mozart. Il y a les mots des hommes-tiroirs et les hommes à tiroirs à mots. Il y a ceux qui disent il y a quand ils espèrent écrire et ceux qui écrivent il y a comme une évidence qui n’est plus à dire. Il y a le bleu tueur et le bleu déjà gris, qu’on aime ainsi. Il y a ce ciel qui pèse comme un couvercle, cette mer qu’on ne voit pas danser, ces voiles qui peuvent faire de la voile sans vent, il y cette pluie qui ne pleut pas, et qu’on voudrait qu’il pleuve, il y a ce verbe, culminer que j’aimerais tant employer à la première personne… mais il y a les hauts et les bas et l’emploi du verbe culminer est réservé aux offices de tourisme de régions à collines ou à monts et merveilles.




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  • bleu tueur

     

     

     

     

     

    Maisbleu tueur

    Quand les mots ne disent plus rien, quand ils rétrécissent comme peau de chagrin, il faut chercher le bleu, un bleu tueur comme vendredi. Ce bleu assassine tout ce qui n'est pas bleu, un bleu misocolore, un bleu qui rend muet aussi. Mais le bleu enfui, la nuit venue, les rêves et les images reviennent avec un désir de mots. Mots ordinaires acérés, aiguisés à la lame du bleu. Le bleu blême, bleu ombre de lui-même, est-ce encore un bleu? Comment peut-on devenir bleu mercenaire?

    bleu tueur


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