• Dans la série tout-fout-le-camp-ma-brave-dame-m'en-parlez-pas, après épisode mémoire effilochée, c'est au tour de mon nez de jouer des tours. Et comme il me mène par le bout, je suis dans l'obligation de narrer ses  tribulations. Au sortir de la bibliothèque, il a été attiré par une odeur florale très capiteuse, très forte, très volatile sur laquelle il ne peut mettre un nom. Or cette odeur, il l'a déjà sentie à la fin du printemps, ou au début de l'été, sans pouvoir l'identifier. Cette fois-ci, il veut en avoir le coeur net (oui, mon nez a un coeur) il décide de la suivre discrètement. Moi évidemment, bien obligée de suivre le mouvement, et mon nez, donc. Il nous amène d'abord devant la mairie, au-dessus du terrain de boules. Il y a bien quelques lauriers en fleurs, mais ce n'est pas le bon parfum. Nous continuons plus loin. 

    Il me fait une scène parce que je m'arrête à la boulangerie et que ça lui brouille l'odorat. Mon nez fait la gueule (oui, il a) et ne sent plus rien venir. Pour le distraire, je décide de poursuivre plus loin vers l'ancien centre-ville, qui avec l'extension de la zone commerciale à l'entrée de la ville, s'est décentré. C'est presque un centre-ville fantôme que cette rue du Grand Logis. De nombreuses boutiques ont baissé le rideau de fer. Il reste deux restaurants, un salon de coiffure, un réparateur informatique, et c'est à peu près tout. Je continue par la rue de la Reille en direction de Fontcuberte et du vallon du Claou. Je ne viens jamais par là et je sors l'appareil photo au cas où. Ramasse un marron au sol, le premier de l'automne, cet à peine automne. Mon nez me fait les yeux doux pour revenir à la voiture. C'est vrai que nous marchons depuis un moment déjà. Nous rebroussons chemin et c'est là que je l'aperçois cette maison d'un rouge incongru.

    abusée par un nez

    En poursuivant notre route, nous apercevons ensuite une paire de draps blancs sèchant sur un fil. C'est alors que mon nez se met à couler. Il coule et coule toutes les larmes de son corps. Quand je lui demande ce qu'il a, il se met à hoqueter qu'il ne sait pas ce qui lui prend, mais que la vue d'une paire de draps blancs battus par les vents l'émeut toujours. Je me rends compte que mon nez est très sensible et lui tends un kleenex. Je lui fais tout de même remarquer qu'il n'y a pas un seul brin d'air, alors de vent... Qu'est-ce que je n'avais pas dit là, le voilà qui se renfrogne aussi sec (j'ai un nez susceptible). 

    abusée par un nez

    Nous revenons sur nos pas et en arrivant sur le parking mon nez redresse son bout et se met à humer un peu partout (j'ai l'air maligne) en proie de nouveau au parfum entêtant, envoûtant et fuyant. Manquerait plus qu'il lève la patte mon nez et la comparaison avec le chien serait complète. Je sens qu'il voudrait suivre une autre piste et me tire dans une autre direction. Mais je ne me laisserai pas abuser une nouvelle fois par mon nez. Qui c'est le maître? Je le pousse vers la voiture. Triste, il pointe vers le bas et tombe nez à nez avec un noeud rouge en forme de X brûlé par les quatre bouts. Et ça tu vas pas me dire que ce n'est pas un signe, dit-il. Ma foi, ne sais qu'en penser.

     

    abusée par un nez

    Tout ce que je sais, c'est que j'ai les narines irritées. Mon nez n'est pas né de la dernière pluie et ce n'est pas la première fois qu'il me fait le coup, mais c'est fini, je ne me laisserai plus mener par le bout de lui.





     


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  • Sur quelques images de mon ami Phil, etsansciellement flamantophile et accessoirement photographe...

    flamantophile

    Trois flamants repus de crevettes

    Digéraient en dormant l'idée de rose

    Rêvant le gris d'un étang


    flamantophile


    Un de trop + deux trop heureux

    Trois dans l'oeil du flamantophile, trois dans le flou d'un rêve gris liquide

    Égalent un total que ne peut comprendre un comptable

    Et puis les pattes qui crient Kii ! ou plutôt KII ou une langue connue

    seulement du flamantophile


    flamantophile


    Quelque chose a changé, quelque chose s'est soustrait ou s'est ajouté

    Est restée la quintessence du rose et du gris

    Bientôt de Beauduc partira le photographe riche d'images à partager






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  • aloisDes oublis, de la distraction ou bien maladie plus grave? Hier, en allant à Aix, stupéfaction de voir dans ma librairie préférée au rayon jeunesse, en lieu et place d'un mur couvert de rayonnages une grande baie vitrée donnant sur une petite cour intérieure toute verte et toute en eau. Ébahie, je demande à l'un des vendeurs si ça fait longtemps que c'est comme ça. Il me répond goguenard que ça a toujours été comme ça. Je dis Non c'est pas possible. Pris de pitié pour une vieille cliente peut-être déjà sénile, il dit En tout cas au moins six ans. Je prends une photo, attrape deux exemplaires du Coupeur de mots (de Hans Joachim Schädlich) pour mes élèves, feuillette deux superbes albums dont les pages sont des dentelles alternant une face noire et une face blanche, intitulés "pleine lune" et "plein soleil" (à vérifier) et ressors perplexe.

    Devant la place Albertas, découverte du même acabit en remarquant que seules les façades est et ouest de l'hôtel particulier sont rénovées. Ayant gardé la plaquette éditée pour les "journées du Patrimoine", je lis en effet qu'elles l'ont été entre 2005 et 2010. "À partir de 2012, la fontaine puis la calade seront remises en état ainsi que la dernière façade." Ne comprends pas comment ne l'ai pas noté plus tôt. D'autant plus que je ne passe pas tous les jours ici et que souvent j'ai pris la place ou l'hôtel en photo. Il est vrai aussi que je m'y arrête lorsqu'il s'y passe quelque chose; ainsi me souviens des deux jeunes voyageurs jouant un air de hang.

    Tout cela commence à m'inquiéter, quel sera le prochain oubli? Continue mes achats à Aix, dont un jeu de Mah Jong pour l'anniversaire de L. sans trop hésiter entre le bambou, bambou-os et celui en résine et finis par revenir à la maison. Lecture de choses et d'autres - notamment un article de Télérama sur le peintre Roman Opalka mort cet été qui depuis 1965, peignait l'un après l'autre des nombres écrits en blanc sur des toiles noires de même format. Chaque soir aussi, il revêtait une chemise blanche, prenait en photo son visage cadré toujours de la même façon. Me dis qu'il faudra chercher à en savoir davantage sur cet artiste fasciné par l'écoulement du temps.

    Bref, après rédaction de provisions pour l'hiver et lecture de provisions pour l'hiver sur le blog de Brigetoun, ai eu très peur un moment: avais-je déjà lu l'article et avais-je oublié que je l'avais lu au point de reprendre les mêmes premiers mots? Avais-je plagié Brigetoun? Elle m'a rassurée en disant que c'était de saison, ce qui est vrai, mais comme en même temps Voilà que j'ai touché l'automne des idées pour paraphraser Baudelaire, me demande, me demande...

    Avec tout cela en oublie pluie annoncée et linge à rentrer.

    Le lendemain tout est trempé.

    Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve

    Trouveront dans ce sol lavé comme une grève

    Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?




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  • provisions pour l'hiver

    Temps pour s'approvisionner, dit la fourmi.

    Temps pour s'apitoyer, dit la cigale.

    Me faudrait quelques kilos de pommes de terre, de pommes poussées en plein air aussi et des confitures de framboises pour le dessert, on a bien le droit à quelques douceurs. dit la fourmi.

    Douceurs de bouche certes mais il faut aussi songer à celles des oreilles : remettez-moi pour commencer un peu de cet adagio du concerto pour piano n°23 de Mozart que vous m'avez fait goûter la dernière fois, et puis un peu de bon vieux rock aussi, du Bowie, oui, "Aladin sane" et puis Lou Reed, et puis... Comment, que dites-vous? Je me dépense trop? Ce n'est plus de mon âge? Si on ne peut même plus danser maintenant... dit la cigale.

    Ne vous fâchez pas, mais reconnaissez qu'on n'a plus vingt ans toutes les deux. Mes yeux et moi, on projetait de se projeter sur la librairie numérique pour faire nos provisions de lectures. Qu'est-ce que vous en pensez, vous la bohème? Quoi? Comment voulez-vous que je sache qui emporte le flacon, de quel flacon parlez-vous, vous devenez vraiment gaga avec l'âge... s'énerve la fourmi.

    Et vous sourde, je disais, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse... Musset, ça ne vous dit rien? C'est la musique et l'ivresse qui comptent... Allez on fait la paix, on se les montre ces photos de vacances, ces souvenirs d'été? Ce seront nos meilleures provisions pour l'hiver. temporisait la cigale.

    Mouais, j'sais pas. Z'avez p'têt' raison, finalement. Temps à s'apitoyer, à larmoyer sur l'été passé, pleurnichait la fourmi.

    Ouh là là, z'êtes pas drôle aujourd'hui, ça m'inspire pas grand chose question création, j'm'en va voir la sauterelle...

    Voici à peu près ce que disaient les p'tites bêtes sur la tête de l'homme au chapeau de paille.




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    sur l'amer

    Un avion trace un trait rose saumon dans le ciel bleu nuit (très claire). Sur  l'écran du téléviseur, passe un film publicitaire pour une compagnie aérienne avec la musique du concert pour piano 23 K 488 de Mozart. Alors oui, on pourrait.

    Se laisser aller à la facilité du vague au flou. On découvre les photos prises par un sien fils, passager côté mer, en arrivant sur Marseille. De nombreux groupes de touriste encore dans la ville, et pas seulement sur le vieux port ou la Canebière. Marseille, toujours en travaux, qui se fait une toilette depuis des années pour paraître plus présentable. Mais le naturel revient toujours avec l'accent, surtout quand lui prend la colère. Alors oui, elle pourrait.

    Jouer les grandes dames comme sa voisine, Aix-la-bourgeoise ou les autres cités européennes, mais quand ces dernières la regardent de haut, elle ne peut s'empêcher d'en faire des tonnes, en parlant fort comme la poissonnière qu'elle n'a jamais cessé d'être, au fond. Au fond et toujours au bord, au bord de la mer, au bord du ciel, au bord de l'explosion. Alors oui, on pourrait. L'aimer sans l'habiter, l'habiter sans l'aimer, la vivre, la trouver belle et bruyante, la quitter et laisser -lui confier- un sien fils y vivre, y étudier, la quitter sans amertume et revenir toujours. Alors oui, on pourrait.

    Se dire que le titre du billet est mauvais, le jeu de mot étant désamorcé par l'écriture. Alors oui, on pourrait.

    Le changer. Mais non.




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