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Vases communicants (5)
Cette fois-ci, les Vases Communicants avec Christine Jeanney du blog Tentatives sont doubles à plus d'un titre: double Christine, double déclencheur, double jeu ( dans le sens où nos premiers échanges furent des jeux et l'euphorie à nous lire/écrire jusqu'au bout de cette aventure). En outre, les textes de chacune sont tissés des mots de l'autre: à partir de 10 textes du blog de Christine, j'ai fait 10 cut up de 5 "vers", puis j'ai prolongé (Christine parle de rebond) le premier cut up que Christine a fait de l'un de mes textes et c'est devenu encore un autre texte pendant que Christine a fait de même de son côté. Compliqué? Non, pas du tout, le mieux étant de lire le résultat. Voici donc les textes que Chritine Jeanney a écrits:
À la suite du premier cut-up que Christine Zottele m’a envoyé
Faite d’écailles, Collée au fond du magma
Une forme étrangère Lâche sa barricade
Par la tête, on me disait
Par la tête
Un peu plus ressemblante
un rebond :
Faite d’écailles, une forme faite d’écailles en perpétuel mouvement, une forme qui ne se donne pas, ne se prend pas en main, écailles riches, irisées, couvertes d’un glacis qui brille, découpées et uniques, chacune chancelante, Collée au fond du magma, forme de rêve, la forme que l’on reçoit en rêve, un moment de bravade sans défense, sans place ni temps, la conscience fuyante, un pays où les images sont grosses se tordent et on ne sait pas les raconter car c’est le rêve, Une forme étrangère Lâche sa barricade et c’est nous qui lâchons, acceptons, Par la tête, on me disait, mais la tête n’a plus son mot à dire, ce rêve d’inconfort, on suppose que l’on bouge, on le voudrait, mais notre corps est loin, loin sous les draps et dans le monde réel, on ne se débat pas, la forme englobe, veut charrier des éclairs, forme d’écailles qui roule Par la tête, si l’on accepte d’y couler, de s’y couler et fondre, on se trouve au réveil Un peu plus ressemblante
Puis 10 cut-ups en 5 « vers » sur ses textes :
Parfois, En attendant, barrières. Barrer le passage pour mieux relier, dit-elle.
En attendant, Patientez, patientez, pour la musique du générique
La vérité d'un pont. code couleur: bleu Et dans les têtes.
Quant à ceux qui ne savent pas lire, il fait jour
Bienvenue tous les visages hagards, dit-elle.
vitrines avec accents circonflexes
vrai froid: réjouie. avant-goût d'atmosphère, quatre têtes devant le rideau de fer
petit soldat mannequins, rue galante, hommes, ériger sans racine très sensé au contraire.
Le blanc fait tache, me suis-je dit
blancheur au pays des ocres. neige factice sur fausses branches, feuille de papier
revenue vers le centre, déçue, fils croisés, œil bienveillant, déesse Mais à part moi, personne.
de l'écriture ou de l'aquabike
palette de liquide petite marge de sécurité
inconvénient Je le fusille
rituels souffle. petites choses grandes aussi, choses faciles et choses exigeantes. Là est le danger
oublier écraser tomber me submerge si souvent
ce matin justement, besoin de lire tout de suite ce poète tant de demandes plus que l'écriture
Sûrement le contraire de beaucoup
Au cœur
De l’eau d’or.
cercles qui, danser, des sirènes ou des anges, plongés dans deux anneaux
tourbillon happe monstre ou désir voyage ou fuite. Quitter Le photographe pétrifié, une illusion. A l’intérieur,
en fin de saison: sans couleur, sans odeur,
phrases lues Dans un vase des fleurs, peut-être des dahlias.
dahlia plus rouge. Sur la lancée, pétales colères devant ciel rose.
cuves rouillées que je projette, dahlia. Pas trop coutumière on my mind
Panic dahlia dansé java, plus tout moi-même.
On se cherchait un nom. pronom oxymore indéterminé un peu pédant,
Quand la chute des feuilles est tardive, froidure, quête, propositions
particule panache. Mais les verbes avaient leur mot à dire
la compagnie de deux adverbes.
pas de répartie ni de chute. Alors
sur les ondes, l'anarchie, quelque chose de léger
Un soir de demi-brume sur les fils électriques
quelque grain pour subsister...
performance Et le geste
Bien peu, rien, ou quasi.
Immobiles, déplumés, squelettiques,
ont endossé leurs vêtements, les essayant au bleu du ciel.
tous les verts, tous les jaunes, ocres, rouges, bruns et puis leur dernière danse.
tous leurs secrets
mais, n'irai pas plus loin.
sur le parking, cadrage, réglages,
mouvement anormal sur sa gauche.
l'espace de quelques secondes
pouvoir éviter la chute, un ralenti de cinéma,
mourir comme ça, bêtement, dilatation du temps, Après, je veux dire.
...sous le pont de la Durance.
De l'eau mêlée à l'eau de pluie, l'eau de là-haut dans l'eau de la Durance.
De la durée, aussi,
qu'il m'en souvienne,
pas Ophélie, pas Virginia, Elle bouillonne, en vie.
Textes et photos de Christine Jeanney
Pour retrouver les autres rendez-vous des Vases Communicants de janvier 2012, cliquer ici pour lire la liste établie par l'irremplaçable Brigetoun et que nous remercions encore.
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Commentaires
J'irai volontiers m'assoupir sous le ...sous le pont de la Durance. Mes cendres épouseront la couleur du temps. C'est triste de mourir sur un parking... Mais tout est si beau ici... à travers ces mots et ces images... ce qui rend douce une mort incertaine.
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Cutter des mots, lames ciselés, perles en tous genres.