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U (bu est-ce que?)
Rêvé (debout) depuis maintenant quatorze heures. D'un train attrapé au dernier moment dans le creux (creusement de la langue, si se pouvait). Intranquillité, inquiétude, sentiment pénible d'avoir oublié quelque chose d'important. Trop tard, de toute façon, mais ne m'installe pas. S'assurer qu'on est dans le bon train? Non, pas même ce souci. Le train peine à gravir une côte très raide. Au sommet, on est presque à l'arrêt. Le train s'immobilise un instant puis s'ébranle de nouveau mais au lieu d'aller de l'avant, il repart en arrière, jusqu'au creux, puis commence l'ascension de l'autre côté du U, car il s'agit d'un U, à coup sûr. Et à chaque fois, parvenu au sommet du jambage, le train revient creuser le creux du U. Aucun malaise ensuite, pas même le sentiment de perdre mon temps dans ce train ubuesque. Au bout d'un moment, le désir de me réveiller, cependant. Ce que je fais. Un coup d'oeil m'apprend qu'il n'est pas encore quatre heures.
Dans le lit, s'esquisse le vague projet d'un abécédaire, ou plutôt d'un azertyaire onirique mais pour l'heure, un certain concours approche. Relu aujourd'hui les incipit et les explicit des nouvelles de Maupassant, ai trouvé quelques pistes intéressantes et me prends à rêver que ce soit lui qui tombe (plutôt que moi sur une impasse). Un vrai papillon papillonnant sans constance, vous dis-je, hier encore rêvais de Lagarce ou La Fontaine. Relis alors quelques fables. Mal aux yeux, mets un peu de couleur sur dessin raté qui se voulait aquarelle. Ne parviens plus à lire ni à écrire (relier le U à quelle lettre et pour quel mot?). Heureusement, matinée coupée par une séance d'aquabike pour évacuer toute pensée ressassante, toute pensée tout court. Et puis l'angoisse cet après-midi - (dernier) remords (avant l'oubli?) d'avoir abandonné Rabelais alors qu'il nous a tenu tout l'été. Lecture de quelques pages très denses de Bon (le généreux) lisant Rabelais. Thé rouge et yeux qui fatiguent. Extinction des feux.
Tags : train, creux, heure, oubli, sentiment
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Commentaires
@ Thaelm: Merci pour la lecture (si juste) du rêve, et ces lignes, et cette fidélité ici malgré mes intermittences... (pardonnez-moi si ne suis pas très présente en ce moment).
C'est moi qui remercie
Parfois l'accueil "ajouter un commentaire" n'est qu'une invite formelle.
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Terrible cette oscillation entre les deux branches du U
ce train train d'une vie qui n'avance pas
et qui
tel Sisyphe retombe à chaque fois vers le bas.
croire être en train d'avancer
se rendre compte qu'on est à quai
pire que comme Pénélope
mais sans son excuse
on fait et défait sans cesse le même trajet.
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Ce n'est pas beau de mentir
ce dessin est doux, léger et bien proche des mots qu'il illustre.