• Ouate et mousseline

    Pas sûre que ça se fasse, qu'il faille le faire. Le fais quand même. Recopier ici des choses écrites sur du papier. Dans mon carnet, à la plume, au soleil. Pas le même rythme, pas le même vif. On s'épanche peut-être plus dans un carnet, on s'autorise peut-être davantage. Pas sûre. Cela faisait si longtemps que ça ne m'était pas arrivé, d'écrire et de lire toute une longue après-midi au soleil...

    ... Il fait si doux, si bleu, et, dans la ouate de mon rhume, me sens un peu comme du thé blanc de Chine enveloppé dans sa petite poche de mousseline. Blanche la mousseline. Le thé que je me suis préparé, c'est celui que m'a offert A.: le grand thé du Fujian, du Bai Mu Dan, la pivoine blanche. Le récit que je viens de lire d'une traite, c'est le premier roman de Marie-Hélène LAFON, Le soir du chien. Une belle écriture, avec du rythme, et la sobriété de l'essentiel. En ai recopié quelques phrases dans mon carnet à fleurs/papillons et ça aussi, longtemps que ça ne m'était pas arrivé...

    Ici, il n'est de printemps que furtif, comme honteux de recommencer, de réveiller les vieilles écorces, les plates étendues d'herbe lisse, de sonner le rappel des choses vertes, sommées d'exister encore, vouées à un sursis dans la très brève gloire de l'été. Quelques journées de fin mars, ou de début avril, se donnent au bleu, à la légèreté coruscante d'un air soudain moins âpre. Au bord des routes, les talus bondissent, frisottés de vent clair. Quelque chose change. Viennent ensuite les longues pluies froides, les neiges persévérantes de mai, les gelées blanches de juin. Mais le signal a été donné des fleurs insensées, des herbes longues, et des persiennes closes sur une lumière insolente, dans le temps des siestes striées de soleil, au fond des chambres odorantes. La douceur ne sera pas toujours refusée. Il suffit d'attendre. Marie-Hélène LAFON, Le Soir du chien, éd. Buchet-Chastel, 2001, pp. 63-64.

    Oui, "La douceur ne sera pas toujours refusée. Il suffit d'attendre." Je veux croire que l'année du lièvre ou du lapin sera plus douce sur mon vieux crin de vieille laie.


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Février 2011 à 18:34

    Je veux croire aussi

    2
    Shanti
    Dimanche 6 Février 2011 à 19:49

    comment cela, déjà ? un après-midi au soleil ? comme je t'envie... A Paris, il était tellement timide, et en Normandie, il faisait si gris !Oui, très belle écriture, ce roman...

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