On se cherchait un nom. Un petit nom, il en avait déjà un. Qui lui convenait bien, d'ailleurs, il ne souhaitait pas en changer. On, l'ancien homme, (on dit le hom au onzième siècle). On, pro-nom indéfini, pour le nom, mais indéfini, on pronom personnel si impersonnel -oxymore dirait dira-t-on- pour désigner un sujet indéterminé. Or on avait adopté l'italique pour qu'on ne le confonde pas avec on dit "le on gras" alias "le gros on". Quant aux on-dit, ils n'attiraient que son mépris, dit-on. On , un peu pédant, ne prisait guère les dictons populaires: Quand la chute des feuilles est tardive, la froidure d'hiver sera vive.disait-on autour de lui. Peut-être, mais cela ne l'aidait en rien dans sa quête du nom. Nombreux furent-ils à lui faire des propositions: dine, on dine? Non? Et bilic, ça ne te plaît pas? Bre? Ce? Mais on disait toujours non. Un jour ce fut l'illumination: n'pas; on n'pas, ça sonnait bien, avec une petite particule qui donnait un certain panache. Mais les verbes avaient leur mot à dire et se mêlèrent de ce qui les regardait: alors comme ça on n'aime pas les dictons? on n'se contente plus d'être un pronom, on a besoin de la compagnie de deux adverbes. Mais mon petit on, il ne faut pas être aussi négatif, et puis les adverbes c'est avant tout les adjoints des verbes, non? On n'avait pas de répartie ni de chute. Alors on abandonna.