• lire la mer

    derniers billets

     

    Alors que l'année scolaire se termine, envie de sortir mes aquarelles, mes gouaches et mes pinceaux pour occuper ma vacance (Bonne Vacance, ont écrit les élèves sur le tableau, tant le pluriel leur semble singulier) et aussi continuer la compilation des textes sur la thématique de la mer, commencée l'an dernier. J'ouvre mon carnet noir sur une de mes premières gouaches pour illustrer un  très beau récit de Jacques-Pierre AMETTE, Journal météorologique, éd. des Equateurs, 2009. Il me semble que ça se passe en Bretagne et en retranscrivant ces quelqes phrases, il me vient l'envie de le relire...

    17 juin. Flaque de lumière sur la baie. La poussée lente de la marée soulève la flottille des barques. Envie de voir marcher des apôtres sur les eaux. Voir quelque chose d'invisible.[...] La baie: une étendue tranquille avec quelques obscurités. Ce qui dort du passé, de l'avenir, sous cette nappe d'eau. Les reflets circulent. Paupières closes, passions emmurées et jamais dites, chaque été; divinations macabres gardées pour soi et vision édénique de moutons de Panurge qui inlassablement sautent dans la mer; ils se précipitent dans les vagues avec joie; ce sont des illusions perdues qui nous quittent et nous allègent. J'entends, à la même heure, chaque soir, des voix d'amis qui parlent derrière le portail avant de tirer la sonnette et je pense à Swann. p. 45

    Dans ce trou d'obscurité, on voit voleter des particules dorées. On entend la mer comme un fond sonore lointain, régulier, assez doux et apaisant, quelque chose de glissant et d'à peine perceptible, insistant, régulier, fugitif. Et soudain, ça diminue, ça s'étire, ça se calme et fond dans un absolu moment de silence. Puis la battue contre les rochers reprend, les aspersions, les giclements, la vaste dispersion écumeuse qui s'engouffre entre les galets, les pierres, les éclats rocheux. C'est alors comme si une immense verrière s'effondrait.

    Pour l'instant, je suis dans la pleine bousculade de l'océan. Avec des tourbillons et des descentes d'ombres qui dévalent et aspirent, c'est le grondement du grand nettoyage écumeux, ces lourdes vagues qui montent, pèsent, s'affalent puis s'étalent, rincent, lavent. Dans une sorte de soudain crépuscule, des bourrasques d'un vent froid crépitent et apportent une ruée de grêlons qui roulent et rebondissent comme des billes folles sur la route. pp. 118-119

    J'ai dû lire ce récit il y a deux ans et je me souviens vaguement d'une femme qui accompagne le narrateur à la fin de l'été, dans sa maison avec vue sur la mer, d'un ami qui partage avec eux quelques soirées, d'une pluie inopinée; mais surtout de ce style qui rend si bien les éléments déchaînés, le vent et la mer. Débauche de verbes, d'allitérations et d'assonances...

      

      

      

      


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    brigitte Celerier
    Jeudi 23 Juin 2011 à 18:07
    brigitte Celerier

     billet qui était juste ce qu'il me fallait, évocation de lecture, et texte

    2
    mel13 Profil de mel13
    Jeudi 23 Juin 2011 à 18:57

    @ brigitte merci d'être passée et tant mieux si c'est juste ce qu'il vous fallait lire à ce moment précis

    3
    Lundi 4 Juillet 2011 à 07:44

    après cette lecture, j'entends la mer

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :