La tache  rouge, la mouche et les pronoms clitiques. Cela aurait pu être le titre d’une fable mais ce n’est que l’aveu de mon échec. Encore une fois refusée à l’agrégation ! Et c’était la dernière ! La der des der et la débâcle!

 Les épreuves d’admission cette année furent joyeuses car entourée de trois agrégatives joyeuses, je l’avais décidé ainsi. Tamora (désormais je l’appelle ainsi, ma voix mauvaise) persiffle que j’avais décidé aussi d’être agrégée. Oui, mais je n’ai pas réussi à, pas réussi, pas su.

Pas su expliquer déplier les plis du texte- pas su faire pas su plaire pas su convaincre. Belle fin de texte pourtant : « Un lâche » (Maupassant) se donne la mort par peur de la mort. Pas vu l’écho de la tache rouge avec la tache morale (le personnage se suicide pour éviter la honte de fuir un duel), quelques lignes plus haut. La petite flamme rouge de l’amorce du pistolet et ce sourire inexplicable. Pas su définir non plus les pronoms clitiques, ou plutôt (épanorthose) ai mélangé  les pinceaux du vrai (poil de sanglier) et du faux (synthétique) et puis… (aposiopèse) Quant à Shakespeare, Titus Andronicus, V,1… (nouvelle aposiopèse), ce démon d’Aaron, le mal incarné profanant les morts, commettant « mille crimes effroyables/ Aussi allègrement que l’on tue une mouche », ne m’a pas porté chance, et pourtant je l’ai aimé ce texte ! J’ai pourtant repéré l’écho à l’autre mouche écrasée, juste après le viol et la mutilation de Lavinia (mains et langue coupées), mais le jury attendait une référence à une autre mouche que je n’ai pas trouvée. J’ai vu cependant dans le bâillon ordonné par Lucius (« pour qu’il ne parle plus de sa langue acerbe ») l’écho à la langue coupée de Lavinia, qu’importe… la langue coupée était mienne : pas su parler comme ils l’attendaient. (Après la stupéfaction des résultats, le déni, la colère,  après avoir relu mes notes,  j’ai bien vu que ma problématique et mon plan ne tenaient pas la route, mains et pensée folles pendant la préparation, maintenant je saurai, maintenant je… (dernière aposiopèse, promis). En revanche le Quart-Livre de Rabelais qui me faisait si peur, m’a portée la dernière journée.  La grâce, la leçon sur « Récit et Savoir ». Pendant les six heures de préparation et les cinquante minutes de passage, tout coulait de source.  Résultat, une très bonne note qui ne console tout de même pas de ce nouvel échec. Ne comptez pas sur moi pour que je me mortifie davantage et gardez pour vous les « ils ne te méritent pas, tu vaux mieux que cela » ou/et regards d’incompréhension… Voilà, c’est dit.

Maintenant, je dois réapprendre à vivre, à voir de nouveau les autres, à lire  de nouveau gratuitement. À écrire aussi. De nouveau.
Pardonnez-moi, pour ce long silence, et aussi pour cette espèce de confession : il fallait que j’écrive ça, pour passer à autre chose.