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finir les phrases de Modiano
Finir les phrases de Modiano
Fin de journée difficile… Entrée d’un prof-automate-soldat-plus vraiment la fleur au cartable- dans habitacle décompression d’une voiture en pilote-automatique –fidèle soldat – la fleur au pare-soleil– radio du service public – la parole d’un homme ponctuée de euh… de points du suspension sur plusieurs lignes, parole en quête, confuse, hésitante, la voix reconnaissable d’un écrivain dont on a aimé la voix à l’écrit… Jadis, quand on lisait encore des livres. S’il fallait noter la performance orale, l’élocution, la fluidité de la pensée, même la progression depuis les Apostrophe de Pivot –déjà à l’époque le constat du contraire de l’aisance télévisuelle, d’une souffrance à dire ce qu’il suffirait de lire pour être entendu, qui touche les touchables - sûr qu’il n’aurait pas même la moyenne… Le prof-formaté-petit format soupire, tente de surmonter son irritation. Se surprend à finir les phrases à sa place. Soudain, l’automobiliste tend l’oreille, il se prend au jeu des silences si denses, des euh heureux – où l’on se surprend à penser, plus exactement à penser comme Modiano, à finir ses phrases. À comprendre exactement ce qu’il veut ne pas dire. Si c’était une stratégie de sa part, ce serait un maître à penser. Sans aucun doute, c’est une voix singulière, qui dérange le communicant automate ronronnant. La voix de Modiano touche le lecteur caché sous l’automate. Le lecteur écrit, est Modiano. Carapace d’automate pulvérisée.
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