• derniers billetsJournée de corrections brevet (bon cru cette année mais en contrepartie pas de perles...) terminée, ça y est: je suis en vacances... Sortie du collège, j'ai des yeux pour voir la Sainte Victoire, pour distinguer les nuances de vert de la végétation, pour m'apercevoir aussi que certains travaillent durement sur des engins de chantier qui remuent la poussière dans ce mistral d'été pour refaire le rond-point et la route près de la sortie d'autoroute... Légère surprise de ne pas me sentir plus exaltée, plus excitée, plus exceptionnellement exceptée et simple constat de me sentir vide, vacante, de nouveau autorisée à vaquer, vaguer et divaguer. Demain, il ne me restera plus qu'à rendre les clés des deux collèges, l'ordinateur prêté par le conseil général (merci monsieur le conseil général d'avoir contribué à la survie de ce blog) et de récupérer mon ordinateur enfin réparé. Ensuite baignades, grillades et avignonnades... Moins régulière ici serai. Mais intermittente du blog continuerai.

    Programme de lecture très chargé, en commençant par le théâtre de Lagarce. L'an dernier, à la même époque, je relisais Virginia Woolf et ne peux m'empêcher de transcrire cela pour inaugurer des vacances de bon augure:

    J'entends les vagues qui se brisent, une deux, une deux, et qui lancent une gerbe d'eau sur la plage; et puis qui se brisent, une deux, une deux, derrière un store jaune. J'entends le store traîner son petit gland sur le sol quand le vent le gonfle. Je suis couchée et j'entends le giclement de l'eau et je vois cette lumière, et je sens qu'il est à peu près impossible que je sois là... L'Esquisse du passé in Geneviève Brisac et Agnès Desarthe, V.W., éd. de l'Olivier/le Seuil, 2004. Très bon essai au demeurant, notamment pour commenter cet extrait: L'euphorie est poignante car elle évoque immanquablement son double angoissé: s'il est à peu près impossible que je sois là, c'est donc que la mort est l'état normal, celui auquel je ne cesse d'échapper à chaque inspiration, à chaque expiration. Virginia Woolf, qui ne peut oublier que son coeur bat, qui n'en revient pas de ce battement, est une artiste du rythme et du temps. pp. 88-89.

    Mais brisons là.

      

      

      

      

      

      


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    Touffeur et embouteillages à Marseille toujours en travaux, aujourd'hui: commencer par Luminy afin de récupérer quelques papiers couverts de chiffres pour fils masterisé; direction vieux port: c'est seulement près de la mer que l'air est palpable, visible à travers mouettes. Pas le temps vraiment de nous approcher de la mer car trousseau de clés à déposer, rue Senac. Revenir au parking Place aux Huiles en admirant fresques urbaines: la jambe d'une fille en papier s'est décollée du mur et volète dans le courant d'air. Quelqu'un a tagué Gino à côté de Gainsbourg et la jambe de la fille palpite de plus belle, vivante. Elle n'en peut plus de cet escalier dégoûtant, puant, que seuls les gens de passage comme nous trouvent charmant cependant. Elle reste collée là, la jambe presque déchirée. 

      

      

      


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  • derniers billetsL'épreuve de français du brevet ce matin, s'appuyait sur un très bel extrait des Racines du ciel de Romain GARY dans lequel un prisonnier, dans un camp, mime un homme donnant le bras à une femme, lui faisant la cour, et ce pour redonner un peu d'humanité aux autres prisonniers. Il y eut quelques rires rauques, mais tous nous ressentions confusément qu'au point où nous en étions, s'il n'y avait pas une convention de dignité quelconque pour nous soutenir, si on ne s'accrochait pas à une fiction, à un mythe, il ne restait plus qu'à se laisser aller, à se soumettre à nimporte quoi et même à collaborer. Les questions n'étaient pas trop difficiles et je pense que la plupart de mes élèves s'en sont bien sortis. J'espère que cela donnera à certains l'envie d'en savoir un peu plus sur Romain Gary (dont j'ai déjà parlé en cours à propos de la création d'Emile Ajar) voire de le lire. Quant à l'écriture, ils ont eu droit à un sujet argumentatif très conventionnel:  "Un ami ou un adulte de votre entourage vous a convaincu de changer votre comportement. Vous raconterez cette expérience en rappelant d'abord comment vous vous comportiez puis comment votre interlocuteur s'y est pris pour vous amener à changer."

    J'essaie d'imaginer l'expérience que j'aurais pu raconter et sous quel angle je l'aurais traitée. Je pense que j'aurais parlé de M. T., mon prof de français en sixième et cinquième, soixantehuitard - je dis ça maintenant sans aucune nuance péjorative bien au contraire mais au début de ces années 70 je ne sais même pas si l'expression existait, en tout cas révolutionnaire, ça oui- , barbu aux cheveux longs (crasseux, disaient certains), aux ongles très longs (sales, selon les mêmes). Il avait mis sur mon bulletin: Pourquoi ce mutisme? Pourquoi, M. T.? Mais parce que vous impressionnez la fillette timide que j'étais et qu'on n'avait jamais appelée par son nom de famille jusque là. Qui n'avait jamais vu un tel uluberlu. Un professeur marquant à bien des égards! Par exemple, il nous faisait faire des improvisations ou préparer des saynètes; je me souviens d'avoir osé parodier un défilé de mode sur la chanson d'un chanteur-minet-à-la-mode (Mike Brant?) et qu'il m'avait félicitée pour l'idée mais avait rejeté en même temps la facilité à laquelle j'avais cédé en choisissant cette illustration musicale insipide. Je me rappelle également qu'une fois il était arrivé en classe avec un grand sac bourré d'objets hétéroclites -du réveille-matin au poulet en plastique- et qu'il l'avait renversé sur le bureau sans un mot avant de commencer son cours sur les différents procédés comiques. Je me souviens qu'il sortait avec la prof. d'anglais, la superbe Melle C., que tous les garçons idôlatraient. M. T. n'était pas beau mais avait beaucoup de charisme, apprécié de nombreux élèves, autant que mal considéré par les parents et l'administration. Plus tard, il est devenu le copain de plusieurs de mes copains, mais je n'osais toujours pas me joindre à eux, trop en marge de la marge même.

    Je me rends compte que j'aurais frisé le hors-sujet. Quoique. Pas tout à fait car je suis persuadée que ce prof m'a incitée à avoir un regard critique sur les choses tout en gardant un regard d'enfant sur d'autres, parfois les mêmes, mais pas en même temps. Il m'a fait changer de comportement, en adoptant une ouverture d'esprit sur sa personne même, en n'écoutant plus les autres -les adutes bien comme il faut- et en m'écoutant moi, me dire que ma parole était peut-être une parole tout aussi vraie qu'une autre. Il serait peut-êtresurpris de voir que je suis devenue une bavarde impénitente. J'ai essayé de le retrouver par Internet. En vain. Me demande ce qu'il est devenu.

    Le collège Révolution existe. Il se trouve à Nîmes, sur la place de la Révolution.

      

      

      


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  • derniers billetsToi, le dixmillième visiteur (au moment où je rédige ce billet, il y avait 9998 visiteurs donc tu dois être le dixmillième) ou la dixmillième visiteuse, j'ai la joie de t'annoncer que tu m'apportes beaucoup de joie, la joie un peu puérile de passer de la cour maternelle à la cour primaire, mais de la joie quand même. Bon d'accord, tu n'as rien gagné mais dis-toi qu'au moins tu as évité un cadeau-piège-à-consommateurs. Tu perds peut-être ton temps à lire mes bêtises mais au moins tu lis et tu admires de beaux tournesols. Il faudrait que je trouve une manière de te remercier car tu m'apportes probablement beaucoup plus que je ne t'apporte. Mais là, après une journée "pédagogique" à "travailler" sur le "socle commun des compétences", je suis un peu fatiguée et me sens vraiment pas à la hauteur de ma nouvelle cour. Alors je vais laisser parler Coeur au lieu de Tête: toi, qui viens ici, reviens, et revenu, deviens ce que tu lis, écris ce que nous devenons, prévenez les suivants, surviennent les nouveaux venus, convenons d'un rendez-vous: demain?

      

      


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    Le fleuve en été, sur la longue scène flottante, les hirondelles dansent

     

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    A gauche est la vie, à droite se penche la mort, l'amour les relie

     

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    Six caractères essentiels d'une calligraphie en mouvement

     

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    Les arbres magnanimes à Nîmes...

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    La reine dit à Gall: "Beau moine rose et gras,/ Jusqu'où peux-tu marcher, me tenant dans tes bras?"/ Gall, amant de la reine, alla, tour magnanime,/Galammant de l'arène à la tour Magne, à Nîmes.

    Ces vers olorimes attribués à Victor Hugo mais plus probablement d'Henri Monnier, je les ai servis à soeur, nièces et fils, hier à Nîmes jusqu'à plus soif. Surtout, j'ai pu vérifier l'exploit de Gall au point de tuer pieds et jambes qui, au sommet de la tour Magne, ont demandé pause sous peine de ne plus avancer. Magnanime, je la leur ai octroyée. Il faut dire que je ne suis pas reine pourvue d'amant jeune et rose, et qu'hier c'était une journée caniculaire. Beaucoup de bruit à Nîmes, en particulier les klaxons des mariages. De nombreuses épousailles en voitures échevelées, une lumière aveuglante, heureusement des arbres encore abondants -même si menacés par béton des parkings- à l'ombre desquels on tente de marcher.

    Le soir nièce dansait. Beau gala de fin d'année dans sa première partie surtout. Belle idée -du chorégraphe Noël Cadagiani- d'avoir organisé le spectacle autour de haïkus. Difficile de tenir sur la distance. Trop chaud, trop long. Cependant, danse contemporaine, épurée, lente et puissante pour premier tableau, dans lequel nièce dansait, noir sur rouge. Danseuses en noir comme les caractères essentiels de la calligraphie orientale, qui restituent sur scène le mouvement de l'écriture sans jamais la fixer. Le haïku: A gauche est la vie/ à droite se penche la mort/ l'amour les relie. Ensuite, encore une trentaine de haïkus, dont celui tout bleu, sur lequel nièce hirondelle danse avec sept autres hirondelles en deuxième partie: Le fleuve en été/ Sur la longue scène flottante/ Les hirondelles dansent. Peut-être s'en tenir là. Ne pas parler de larmes de nièce à l'entracte qui par trop grande fatigue craque. Elle a mal dansé croit-elle, un pied pris dans une jupe trop longue l'a déstabilisée. Pas eu les mots sur le moment. Soeur (mienne) et mère (sienne) a trouvé gestes pour consoler nièce (mienne) et fille (sienne) redevenue petite sur ses genoux. Voudrais lui écrire aujourd'hui un haïku pour la faire sourire:

    Quand les pieds poussent à hirondelle

    veiller à ne pas les poser sur les ailes

    cependant rire du faux-pas avant de s'envoler

      

      

      

      

      


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