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    En attendant le rêve d'une année meilleure, il convient d'enterrer celle-ci dignement, comme une ennemie honorable malgré ses coups bas et pendables. Saint-Sylvestre serait mort un 31 décembre et nous fêtons donc bien la mort. Cependant, le coeur n'y est pas. Bien sûr, il y a le côté obligatoire de ces fêtes annuelles. Aux figures imposées, nous préférons l'épreuve libre, qui permet de développer tout notre art. Mais pas que. Ce que nous abhorrons aujourd'hui, c'est la confrontation à ce que nous sommes devenus. De purs esprits désincarnés ou des corps sans grâce. Je dis nous car je nous connais plusieurs à penser ainsi.

    Avant, tout était différent. Avant, la vieillerie, je veux dire. Avant, je dansais quel que soit le jour, quelle que soit la nuit, réveillon ou pas. Avant, je ne me posais pas tant de questions, quand tout allait mal, ça allait beaucoup plus mal, mais les pleurs coulaient aussi en abondance et nettoyaient tout sur leur passage. Les rires n'avaient pas besoin de champagne. Juste une larme, merci. Allez, je trinque à votre santé, vous qui ne faites que passer en attendant le réveillon.

    Je vous souhaite de bonnes lectures, de celles qui vous décollent de la triste réalité ou alors de celles qui vous montrent les mots comme la seule réalité possible. Les mots de Céline par exemple... C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire? La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas.

    Je vais peut-être boire du champagne avec mes chiens et mon grand deux-pattes mais je ne sortirai pas pour faire la fête. Plus assez de délire en moi... Je ne relirai pas Voyage au bout de la nuit mais j'irai d'une manière ou d'une autre jusqu'au bout de celle-ci. J'espère ne pas vous avoir plombé le moral et je vous souhaite un bon réveillon ou un bon roupillon. Je vous souhaite surtout de trouver encore de la musique en vous pour faire danser cette petite garce de vie... mais elle danse si bien, parfois...


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  • Hier, nous nous sommes réunis chez C. pour confectionner les masques du choeur et les ceintures d'escargots (explosifs). Dûment munis d'un marteau et d'un clou, nous avons percé deux trous dans chaque coquille afin d'y passer un fil et de les coudre sur une bande élastique.Certains plus habiles que d'autres. P. et moi, sommes de véritables mains de patis (à prononcer en allongeant la première syllabe porteuse de l'accent tonique, le "ti" plus sourd, presque inaudible, désolée pour l'accent) et nous avions du mal à soutenir la cadence de G. et de C.

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    La confection des masques s'est faite parallèlement à celle des ceintures d'escargots. C. nous a initiés à cet art pour lequel, là encore, certains se montrent plus doués que d'autres.

    Le visage de G. recouvert de vaseline (en insistant sur les sourcils) se prête d'abord aux mains expertes de C. Un bas noir protégeant les cheveux, des compresses de gaze sur les yeux, les bandes blanches (à usage médical, pour faire des plâtres) humectées au préalable dans une bassine d'eau tiède, se superposent sur le front, puis sur le nez... Le visage se momifie en même temps que la parole se raréfie. Du côté de l'officiante, les mains seules parlent, aplanissant l'inquiétude, lissant les bandes, éloignant toute source de soucis sur le front de la momie sagement assise. Les joues recouvertes de bandelettes, les lèvres se figent peu à peu, incapables désormais d'esquisser un sourire. Les mêmes opérations se répètent pour consolider les points fragiles, la jonction entre le front et le nez en particulier. Mains. Bandelettes. Masque (on ne peut désormais plus parler d'un visage). Le même rituel se poursuit. Le masque durcit. Chacun tour à tour prend la place de la momie ou de l'officiant. 

    Sous le masque. De drôles de pensées vite balayées par les mains de l'officiante. Masque lunaire. Votre âme est un paysage choisi/ Que vont charmant masques et bergasmasques du "Clair de lune" de Verlaine. Un paysage en chasse un autre. Qu'en est-il de l'usage des masques mortuaires des grands hommes. Et des femmes? Je pense à Colette, à une photographie prise d'elle dans son extrême vieillesse, dans son appartement parisien, une fenêtre ouverte sur le parc Monceau, un chat sur les genoux. Paralysée. Impossible de me représenter son masque mortuaire - en existe-t-il un? - contrairement à ceux de Voltaire ou de Hugo... Le masque que me sculpte G. durcit peu à peu. Sera-t-il à l'image du sculpteur ou à celui du modèle? Ça commence à craqueler. J'accentue les grimaces et les plis pour sortir mon visage de sa gangue, pour me déprendre de ces pensées morbides, pour redevenir vivante. Sous le masque il y a un visage vivant.

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    En regardant ces images, nous ressemblons plus à de grands blessés ou à des victimes de chirurgiens esthétiques peu scrupuleux et très charlatans, qu'au choeur antique de la tragédie... Mais patience, les masques sèchent et reviennent bientôt...

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  • Quatre choses faites sur les neuf annoncées hier, presque la moitié donc. À la place du texte ancien à recycler pour les Impromptus, j'ai fait une nouvelle liste... Fait d'autres choses aussi et en allant acheter le tissu noir, pris quelques clichés de pierres, de ciel, de grillages...

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    Les grilles étaient de fer, le ciel polaire, les pierres de marbre...

    Passé mon bras de chair dans la grille pour prendre les silos de pierres.

     

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    Pas un jour à marquer d'une pierre blanche ou d'une pierre qui roule

    Ciel couleur de muraille et corps grillagé de rouille

     

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    Moellons criant et croassant à la face du ciel "Crayssac, crayssac"

    Face éclatée de la paume de main sur le fil de fer de leur destin

     

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    Les grilles étaient de fer, le ciel polaire, les pierres de marbre

    Passé mon bras de chair dans le grillage pour les prendre dans mon regard.


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  • J'ai repris la liste d'il y a trois jours et barré ce qui a été fait ou plus à faire car remplacé par autre chose. Ainsi, nous avons assez de coquilles d'escargots pour nos quatre ceintures d'explosifs, j'ai corrigé aujourd'hui une douzaine de rédactions; j'ai envoyé une nouvelle liste aux Impromptus que je place ici sous l'autre projet d'affiche de Philippe, n'ayant pas le temps de rédiger un nouvel article (Je vais au cinéma avec L.).

    • Lessive (plus rien de propre à nous mettre sur le dos)
    • Tissu noir (à acheter pour le meuble d'Hannah dans la pièce)
    • Escargots (coquilles pour la pièce)
    • Petits Jeux avec frontières (à relire, en particulier la dernière scène)
    • Corrections rédactions 5e (une dizaine par jour, ne pas m'y mettre au dernier moment)
    • Corrections questionnaires de lecture 4e (idem)
    • Chercher un texte ancien pour les Impromptus
    • Trouver un film qui plaise à L. et chercher les horaires pour aller au ciné.
    • La Jalousie et article de Suzanne Allaire "Le langage, terre d'aventures" (in "Lectures de Robbe-Grillet Les Gommes, La Jalousie", PUR, 2010).

     

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    Fantaisie impromptue 2

     

    Ce qui est fait n'est plus à faire...Je termine donc l'année et les vacances avec les traditionnelles résolutions jamais résolues. Tous les jours, je dresse la liste des choses à faire avec le plaisir de rayer le lendemain matin ce qui a été accompli la veille. Malheureusement, tous les jours je réinscris les corvées que je ne ferai qu'au dernier moment, forcément de mauvaise humeur. Tout cela n'est ni fait, ni à faire...

     

    • Trier le linge et les vêtements à donner, à jeter, à recycler. Trier le bon grain de l'ivraie pour ne garder que l'ivraie.

    • Corriger les copies en souffrance depuis le début des vacances et ne pas en souffrir. Terminer par les rédactions de Pauline, Enzo, Flavien et Sakina.

    • Payer la facture d'eau, l'assurance de la voiture. Payer les factures de la procrastination et de ma nonchalance de l'année avec des promesses de gascon.

    • Prendre rendez-vous pour une mammographie en espérant que mes seins écrivent une histoire avec une fin ouverte.

    • Fabriquer et écrire des cartes de voeux en prenant le temps de penser à mes destinataires, qui se réduisent au fil du temps à peau de chagrin.

    • Expirer plus souvent qu'inspirer. Être inspirée plutôt que soupirer devant chaque nouveau thème des Impromptus.

    • Regarder les nuages qui roulent dans le ciel plutôt que mes pieds qui refusent d'avancer. Plutôt que mes doigts sur le clavier, regarder le texte qui défile sur la fenêtre de l'écran.

    • Faire mes gammes chaque jour pour délier la langue, même si ce sont des textes courts. Surtout des textes courts.

    • Cesser de faire des listes. Arrêter de noter toutes les idées pour des nouvelles, des romans, ou des bouts de phrases. Ne plus retranscrire les extraits de mes lectures. Écrire.

    • Cesser de faire des listes. Écrire.

     

     


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    Promenade sur la colline...

     

    Me sens toute chose, toute petite chose, mais ne ferai pas ma Cosette. Drôle de Noël. Passé à toute vitesse avec la mort d'une dame dont je ne connais même pas le nom. La femme d'un copain de vélo de papa, mort lui aussi. La maison de retraite l'a appelé le jour de Noël et il a dû partir tôt pour s'occuper de détails. Enfin, pas tant que ça (les pompes funèbres refusant d'aller chercher le corps sous prétexte d'un truc pas clair dans le contrat...) bref. 

    Appris également de drôles de choses sur mon père, lorsque nous avons joué à "Brin de Jasette" où l'on pose des questions de toutes sortes à la famille. Ainsi à la question: Quel est l'endroit le plus bizarre où vous avez dormi?, il nous a raconté que ce devait être pendant la guerre, dans une carrière. Il a enchaîné avec un truc incroyable: il aurait été pris avec son père comme ôtage, suite à la mort d'un officier allemand et sa mère serait venue le récupérer très en colère, notre grand-mère parlant allemand couramment. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que jamais il n'en a parlé. Maman non plus n'avait pas l'air au courant. Je ne me souviens plus des réponses des autres membres de la famille.

    Sinon, ce fut un Noël très gai.

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